REVIEW : Junkyard Hearts - PopNews

24/04/2002, par Jan Fiévé

Habité de pulsions destructrices en tout genre depuis belle lurette, Joseph Arthur n'a manifestement pas fini d'en découdre avec ses propres démons. Sa dernière lubie ? Saboter bien sagement, l'air de rien, le lancement de son prochain album dont la sortie est prévue pour la mi-mai, en commercialisant ces jours-ci quatre maxis sobrement intitulés "Junkyard Hearts I, II, III et IV" regroupant pas moins de 19 inédits ! Et si Peter Gabriel, pompeux patron du label Real World et figure tutélaire envahissante, a sans doute dû s'étrangler en apprenant la nouvelle, les admirateurs du prolifique musicien d'Akron ne pourront eux que se réjouir d'une telle inconscience tant le résultat s'avère des plus jubilatoires. 

Indifféremment produit par Tchad Blake, Ben Fidley ou Sir Arthur himself, ces maxis regorgent de joyaux détraqués et de perles habilement mal dégrossies. Des boucles hypnotiques de "The Coldest Sea" au folk désarticulé de "This Heart Will Swallow Us", des relents country de "Dear Lord" à "Voices will fight" et ses chœurs marshmallow, Joseph Arthur passe en revue l'étendue de son talent pour trousser des morceaux envoûtants avec les débris de la musique traditionnelle nord-américaine.

Rien à jeter dans ce melting-pot improbable où se télescopent joyeusement (c'est une image) guitares plus que sèches et voix d'outre-tombe. À sa manière, Joseph Arthur n'en finit pas de réinventer la folksong à chaque nouvelle chanson. Le morceau qui clôture le troisième maxi s'intitule d'ailleurs "Termite Song". 

À son allure en effet, le gars Joe creuse son trou et s'invente une place au soleil, se révélant tel qu'en lui-même : génialement foutraque !