INTERVIEW : 2008-06-04 Pop/Rock Interview - JOSEPH ARTHUR (by Joseph Pol)


"LA MUSIQUE ME SAUVE LITTÉRALEMENT, JE N’EXAGÈRE PAS"

Joseph Arthur était à Paris début septembre pour présenter Temporary People qui sort le 30 et qu'il défendra sur scène à Paris, Alençon et Rennes dans le cadre du festival Fargo All Stars. De l'indispensable Big City Secrets au rock sous influence stonesienne de Temporary People, du bricolage en solo au plaisir de jouer du rock n'roll en bande, retour rapide sur plus de 10 ans d'une carrière très remplie.


En 1997 tu sortais Big City Secrets, te souviens-tu de tes aspirations d'alors ?

J'étais juste emballé par la possibilité de faire un disque. Je me souviens que quand on a commencé avec Markus Dravs - il vient de produire le dernier Coldplay d'ailleurs - il avait suggéré une contrainte: pas de reverb’. J'ai tout de suite voulu faire un album subversif, avec un son neuf, un son qui ne ressemblerait pas à ce qu'on entendait alors, quelque chose de décalé...Big City Secrets est un album avec une sensibilité classique évidente, mais décalé. Je crois que c'est aussi le cas de Temporary People.


Qui sont ces gens temporaires, ces humains par intérim ?

C'est une expression qui définit assez bien la fragilité de la condition humaine, qui est le thème d'ensemble du disque. Comme des humains qui seraient traîtres à leur condition. Et puis c'est un titre simple, rock n'roll, qui capte bien l'humeur du disque.


Toi qui as commencé en solo en faisant tout tout seul, quand est-ce que tu t'es dit que tu jouerais bien avec un groupe ?

Quand j'ai écrit Nuclear Daydream, j'avais le sentiment que c'était un album très rock n'roll, même s'il était prévu au départ qu'il soit enregistré en acoustique. C'était bien plus rock que tout ce que j'avais fait jusque là, qui était plutôt pop et expérimental. J'ai eu envie de le jouer en tournée avec un groupe, j'en avais marre de tourner en solo avec mon sampler, c'est ce que j'avais fait pendant des années. Et puis quand ce groupe s'est monté, on a pris tellement de bon temps qu'on s'est dit qu'on devrait faire un disque ensemble...Et voila...


As-tu l'impression d'être prolifique ?

J'imagine qu'on peut dire ça. Surtout en comparaison des autres. Mais je n'ai pas l'impression de trop travailler, j'aime faire de la musique. Ceci dit, Andy Warhol estimait qu'un auteur devait écrire dix chansons par jour, donc j'imagine que je pourrais faire plus.


Quel est le moteur de la créativité ?

Je ne sais pas trop. L'inspiration, ou au contraire le vide que je ressens quand je ne crée pas, quand je ne suis pas inspiré, le vide de la vie qui s'attaque à mon âme et la pourrit. La musique me sauve littéralement, je n'exagère pas. Quant à l'inspiration, parfois, elle coule de source, mais parfois tu attends de te sentir acculé dans un recoin, tu te sens pressé, déprimé, et tu te mets à écrire quelques mots. Alors un truc se met en route, c'est comme si tu avais un ami sur l'épaule, et que vous vous mettiez à bosser ensemble. Ca m'a sauvé.


Quand tu écris, vous êtes donc deux ?

Il y a une voix, une autre voix, c'est certain...Il y a quelque chose, c'est assez mystérieux.


Ta grande productivité t'a-t-elle causé des ennuis ?

C'est toujours une source de conflit. Quand j'étais jeune, j'étais à bloc, je voulais sortir des disques sans arrêt. Mais quand tu as un contrat, tes priorités et celles du label ne sont pas les mêmes. Aujourd'hui j'ai une liberté particulière, si je l'avais eu à l'époque j'aurais peut-être vu les choses avec plus de philosophie. J'ai fini par trouver le bon équilibre. De toutes façons, il faut accepter que les choses sont ce qu'elles doivent être, ça s'appelle être sain d'esprit. Même si tu crois que les choses devraient être autrement, tu as intérêt à te convaincre que tout est comme il se doit, sinon tu deviens marteau...


On ne risque pas grand chose à parier qu'à peine cet album sorti, tu as déjà des projets…

Exactement ! Ca ne change pas. Avant de venir à Paris, j'ai mis en boîte 17 chansons en studio !



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