REVIEW : Come To Where I'm From - Les Inrockuptibles
On se souvient d'un Joseph Arthur se décrivant comme un chanteur par défaut, parce qu'il fallait bien une voix pour porter ses textes. On a aujourd'hui envie de le condamner à écouter son magnifique Tattoo, qui révèle une voix insoupçonnable il y a trois ans. Il faut dire que, après les Anglais précieux des studios RealWorld, Joseph Arthur a depuis Vacancy (son terrifiant mini-album sorti l'an passé) confié sa voix au vénérable Texan T-Bone Burnett : un type en santiags dans le hamac qui, en chassant ici à la Winchester les mauvaises vibrations, en traitant les chansons aux alcools euphorisants de cactus, a appris à Joseph Arthur les vertus du relâchement.
Pourtant, même domestiqué, Joseph Arthur reste sauvage, incapable de vraiment quitter le confort morbide de sa bulle, ce refuge de l'immaturité où il trouve encore les mots à ses maux. Mais alors que ses textes avaient parfois tendance à flirter avec l'autocomplaisance sur Big city secrets, son écriture se fait ici moins diffuse, plus sèche. Visiblement, sa bulle possède désormais des fenêtres sur l'extérieur. Certes, Joseph Arthur a toujours le blues, mais il se soigne avec violence au lieu d'en faire un élevage in vitro. Et s'il écoute toujours du blues, il a découvert qu'il pouvait suer sur des machines, notamment grâce à Tricky. Une évolution qui l'entraîne un peu plus loin dans ce no-man's land entre coutumes américaines (folk, country, blues) et us laborantins (concassage des rythmes, sympathie pour les machines).
Un vaste refuge pour les flous artistiques où, de loin, ce grand escogriffe évoque une sorte de Tom Waits sans la bouteille, un Bob Mould qui se soucierait d'élégance, un Vic Chesnutt travaillé à la gégène, une Suzanne Vega dégriffée, décoiffée.
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