REVIEW : Nuclear Daydream - Indie Rock Mag


Joseph Arthur - Nuclear Daydream

Après la demi-déception de Our Shadows Will Remain The Same, Joseph Arthur nous sort le grand jeu avec un album où le classicisme folk le dispute à l’excellence.

Le début de discographie de Joseph Arthur est comme un rêve, l’enchainement de trois albums, de Big City Secrets au gargantuesque Redemption’s Son , sans oublier la série de quatre eps Junkyard Hearts , qui révélaient un des grands talents du songwriting américain underground, entre électricité crue et acoustique rêche. Le temps de Our Shadows Will Remain , on l’avait un peu perdu dans une production de nouveau riche maladroitement associée à son univers si personnel et oppressant.

Alors, plus qu’un retour aux sources, Nuclear Daydream marque une nouvelle étape de la carrière et de la vie de Joseph Arthur, si l’on se fie à l’atmosphère musicale beaucoup plus sereine qui se dégage de ce nouvel opus. Abandon total des soubresauts électriques qui parsemaient les précédents albums, présence réduite des boites à rythme et du vocoder,Joseph Arthur épure son propos et se pose en digne représentant d’un certain classicisme folk. Pour preuve, le splendide Black Lexus, qui après Mercedes sur Big City secrets , démontre à quel point les berlines de luxe l’inspirent ! Blague à part, Joseph Arthur dévoile, particulièrement dans ce titre et de manière plus générale, un talent de conteur consacré à des récits d’échecs sentimentaux ou de laissés-pour-compte du rêve américain.

Le choix du tout-acoustique pouvait laisser craindre une certaine uniformité de ton mais le bonhomme évite brillamment cet écueil en alternant titres enlevés (Too much to hide, Slide away), colère froide (When I was running out of time), ou complaintes atmosphériques (le "Midlakien" Automatic situation et ses nappes de synthés flottants ou l’apaisé Electrical storm qui, contrairement à ce que son titre promet, déroule le plus tranquillement du monde ses délicats arpèges...). Et comment ignorer la voix de Joseph Arthur ? Déjà remarquable et habitée sur ses précédents albums mais trop souvent dissimulée derrière les effets, elle livre ici des trésors de sensibilité, qu’elle grimpe dans les aigus (le très amoureux Woman) ou qu’elle évolue paisiblement au fil du somptueux Nuclear Daydream, chanson-titre comparée, à raison me semble-t-il, au Wild Horses des Stones, ne serait-ce que pour la douce lumière qui s’en échappe et qui enveloppe l’auditeur, charmé du début à la fin de cet album magistral.


Chroniques - 24.09.2006 par masto



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