2024-06-11 - Trokson, Lyon, France
Solo concert.
Setlist :
Good About Me
Mercedes
Crying Like A Man
Thank You Is My Mantra
Can't Exist
Coney Island Baby
Honey And The Moon
Travel As Equals
A Smile That Explodes
Speed Of Light
The Movies
One Life
I Miss The Zoo
In The Sun
Walk On The Wild Side
Thank You Xavier T for the setlist :)
Recording :
Sadly, there's no audio recording of this event.
If I am wrong, thank you to inform me by email.
Poster :
Review :
« I’ve Been Next To You For A Lifetime… », par Jacques De Chabannes.
Préquelle
19 h 13 : Lyon, La Croix-Rousse (putain ça monte raide, pour y accéder juste, à ce fameux Trokson).
Outre la large, la très étendue terrasse (un bon début), ça n’est jamais qu’un pub lambda, nanti d’une petite salle voûtée de pierre, creusée quelques mètres en dessous.
Comment ne pas lutter, dès lors, d’avec cette impression étrange, un rien mitigée, que ben, s’il faut de toute façon en passer par là… après des années d’errance, assises sur de fortes et planétaires turbulences (le putride Covid-19, ses sombres et funestes conséquences), va bien falloir l’accepter et s’y filer. Et même y aller « haut les cœurs » ; quand même pas « sabre au clair » non plus, faut tout d’même pas déconner : mais tout d’même foncer « recta dans l’tas » quoi, pour mieux voir ce qu’on (Joseph, essentiellement) pourra bien en r’tirer, au bout du compte, de ce passage opéré céans.
Non, non, pas « à l’abordage » non plus : puisque aucun galion ennemi, frégate ou caravelle, ne s’radine à l’horizon pour tenter de nous arraisonner. Pour tout dire, ça n’sent même pas le légendaire « Coup de Trafalgar » ici, en cette capitale des Gones qui, à l’instar des villes dynamiques, ne cesse de se renouveler pour tenter à chaque fois de mieux nous surprendre. Je ne saurais décemment dire, à c’t’heure, comment est réellement ce lieu, ou bien encore le son, du susdit Trokson, non. Me borne, pour l’heure, à pointer que son espace et sa terrasse – et les gens qui y siègent tout exprès –, sont pour le moins agréables à fréquenter.
Il y a peu encore, tout en grimpant d’envie vers ce lieu haut perché, m’est alors subitement rev’nue en tête, cette belle version de Coast Of High Barbary, que Joseph avait enregistrée en 2006. À destination d’une compilation nommée « Rogue’s Gallery : Pirate Ballads, Sea Songs & Chanteys », recensant une suite de chansons traditionnelles datant de l’époque des corsaires et de la flibuste, avec un casting très haut de gamme, puisque y convoquant également Nick Cave, Brian Ferry, Bono, Sting, Stan Ridgway, Jarvis Cocker, Richard Thompson, Lucinda Williams, ou Lou… Reed.
Marrant et perturbant, que d’se trouver à l’intérieur du lieu, à la fois à proximité du comptoir et de l’escalier menant à la salle, et d’y entendre – tandis que la sono diffuse une compilation de morceaux de « Garage Psyché » Américain –, not’ gars Joe, juste en-dessous lui, en train de s’y soumettre à l’exercice (ma foi incontournable) de la répétition. Bien décidé à éloigner cette facile confusion, je me rapproche et prends l’parti de faire fi de ce qui est diffusé, pour y privilégier ce que j’entends en vrai : Out On A Limb, Cryin’ Like A Man et Grateful.
20 h et, pas mal de minutes…
Nous nous présentons sur une ligne, enfin plutôt deux. Nous nous y faisons résolument face : parce que venant de deux directions opposées (de l’intérieur ET d’l’extérieur, en gros), quoique tous bien décidés à plonger en premier pour fouchtre nos godasses sur ce petit escalier tortueux qui mène à la… salle. Trop petite, pour la demande générée, bien qu’accueillante au possible. Mais petite. Oui. Trop. Pour l’hôte du soir, qui plus est. Parce qu’il n’est pas « n’importe qui », même s’il aura pu, à l’occasion, faire… n’importe quoi oui : comme tout un chacun soudainement confronté aux dures réalités du show-business, de la gloire, de la démesure, de l’appel de la célébrité (ou pas).
Logique, lorsque l’on est soudainement « convoqué » puis signé par Peter Gabriel et que l’on se retrouve à devoir boucler son examen de passage, face à rien moins que l’ange en question oui, entouré de David (Byrne) et Lou (Reed). Examen de passage forcément réussi, puisque celui-ci l’aura amené, quasi dans la foulée, à longer les couloirs de Real World – accompagné, entre autres pointures musiciennes, de Peter et Brian Eno… – pour y graver le séminal, et en tout point incomparable, Big City Secrets (1997).
« C’est très peuplé ici, ce soir… Ça fait plaisir. Je vais jouer une chanson extraite de mon premier disque… elle s’appelle Good About Me ! ». Aussitôt lancé, aussitôt entamée d’envie, que cette magnifique chanson qui nous ramène et… merde, rien à foutre, après tout, du temps qui passe, elle est juste superbe. Encore et toujours aujourd’hui. Point.
« Lorsqu’ils t’ont demandé quelle était ton église / Tu as répondu : je danse / Quant ils t’ont demandé ce qui avait bien pu t’arriver / Tu as dit que tu n’avais jamais eu de chance / Je suis un livre ouvert / Ouvre-le, pour mieux y jeter un coup d’œil / Je suis un bateau qui ne flottera pas bien longtemps, au large en mer… ». Un nouvel arrangement qui le voit rencontrer quelque difficulté à bien se situer : concernant sa voix, principalement. Il s’en tire honorablement, néanmoins, avec les honneurs dus à son rang. J’en profite alors pour embrasser la cave d’un bref regard, et remarquer que pas mal d’anciens fans sont également présents, ici oui, ce soir. Ce qui tombe plutôt bien, cause qu’il enchaîne aussitôt, d’un très logique et fendard : « Trente années déjà, que ce disque est sorti. Difficile à croire, alors que je n’ai jamais que trente-cinq ans et… enfin, c’est ce que j’en viens souvent à me répéter… ».
« I’ve Been Next To You, For A Lifetime… / J’ai été à tes côtés, toute une vie durant… ».
En l’écoutant, celle-ci (Mercedes), je me souviens forcément de mes-nos premiers pas effectués ensemble. Depuis l’antique EP Cut And Blind (1996), le premier reçu (dans ma boîte aux lettres, sans en avoir été prévenu) puis chroniqué, jusqu’au fameux : « Hey, au fait, t’aurais pas un harmonica en sol ? » ; ceci lancé en 2013, une heure avant son show à donner au regretté Poste À Galène, en compagnie de Rene Lopez (basse) et Bill Dobrow (batterie). À la veille d’une exposition-vente éphémère de ses œuvres, en cette même ville, organisée par Kollectiv’Mode (Kollectivmode.com).
Cette chanson est un réel point d’ancrage, rapport à son œuvre : l’une des incontournables de ses shows, au point qu’elle en aura rarement été déboutée et la plupart du temps réclamée par ses fans, à chaque fois que le gars leur aura demandé quelle chanson ils souhaitaient entendre. Une ligne d’harmonica évidente, une ligne, mélodique cette fois, qui vous saisit le neurone musical « profond », quasi instantanément, pour ne plus vous lâcher jamais et en r’demander plus, encore et encore. Ce qu’il aura fait, le plus souvent, par le passé : allant même jusqu’à parfois frôler les douze minutes, sans que jamais il ne (nous) lasse ou bien n’irrite. C’est dire.
Une bande-son. Pour beaucoup. Un parcours de vie. Rien moins : que je vois ou devine au sein de quelques unes des tronches (familières) présentes alentour : toujours aussi assidues, toujours autant à l’écoute, toujours passionnées et prêtes à le suivre. Ce en dépit des orages soudains, des brusques revirements et changements de caps, des aléas et accidents de la vie, des périodes difficiles, des largages subits de pédales, des moments abscons, douloureux ou bien sombres : « I’ve Been Next To You For A Lifetime… / J’ai été à tes côtés, toute une vie durant… ». Ben ouais, ça commence souvent par là. Ceci nous revient forcément pleine face, ce soir, tandis que le gars Joe lui, souffle dans son harmo en mesure ; impulse de la vie au sein de la notre ; nous replonge de plaisir dans un passé… toujours aussi présent et vivace : au point de ne plus devoir se soucier de l’après, du lendemain, du « dehors » : tous bien au chaud serrés, à l’abri, en cette sorte de caverne, postés d’envie face à un mythe, pour l’heure toujours bien vivant, lui…
« Nous danserons le long du rivage, ce soir / Un quartier de lune y dessinera nos ombres sur le sable froid / Tu me demandes : comment pourrions-nous danser ? / Alors que nous n’avons aucune raison de le faire… » (Mercedes / Big City Secret / 1997).
Immédiatement après, reprise DU son – hypnotique et d’avant-garde, à cette lointaine époque (1996) –, qui nous aura tous fait un jour plonger, puis tomber à donf. CE son, si particulier, qui n’appartient… rien qu’à lui quoi, ho. Une suite de percussions (sur manche ou corps de guitare) et voix, qui s’entremêlent, s’additionnent patiemment, empilées façon couches : pas celles de sa petite fille non, celles qu’il créée, collecte et additionne patiemment, jusqu’à se donner une assise suffisante pour se lancer et évoluer plaisamment à sa guise dessus.
Cryin’ Like A Man (déjà en partie jouée, tout à l’heure, lors des répétitions) : une chanson que j’adore au plus haut point… point. Troisième morceau d’affilée, extrait du susnommé Big City Secrets, celui-ci sera rapidement (et à jamais ?) devenu l’un des emblèmes absolu du gars d’Akron, Ohio (tout comme The Pretenders, Devo et The Black Keys, quant à cette situation précise, géographique). Il l’aura très longtemps utilisée comme support pour peindre ; l’aura délayée d’envie, sur près de quinze minutes parfois, dans l’temps ; l’aura en tout cas défendue à tout crin depuis, pas rien : de belle façon, tout comme ce soir, précisément. J’adore toujours autant, pour ma part, cette façon qu’il a de lui crier, à « elle », à pleins poumons, qu’il « sera calme », qu’il ne la « réveillera pas ! ». Ben tiens, si tu souhaitais absolument être tranquille et rectiligne, dans ta vie amoureuse, fallait juste te choisir quelqu’un d’autre quoi ho, voilà. C’est dit.
Ha (bien) mieux y regarder, il est définitivement trop grand pour cette salle (voûtée) et ce lieu. Bêtement, je ne cesse de regarder (d’obsession), à intervalles réguliers, le manche de sa guitare et sa… tête à lui quoi. Espérant juste, que l’un et l’autre n’en viennent à s’y heurter frontalement, s’y confronter de dureté. Une belle version, par ailleurs, qui s’étire en noirceur, comme il se doit – tandis que lors de la tournée The Family (2016), il avait plutôt tendance à les écourter toutes, d’un coup, d’un seul, sans (même se) prévenir : « Un maestro sans sa musique / Dieu sans les hommes / Moi sans toi / Serrant ta main / Voletant telle une feuille / Pleurant comme un homme / Je resterai Calme / Je ne te réveillerai pas… ». Ceci suivi d’un second solo qui nous ramène, loin en arrière, lorsqu’il en profitait pour peindre sur scène en même temps, tout en la jouant, pour un résultat (le plus) souvent probant (sur les deux plans).
« C’est vrai que peindre et composer, c’est assez similaire, dans le processus. Pas exactement pareil non, mais très proche, d’une certaine façon : côté approche des choses… Côté superposition des interventions… Oui ! Surtout au niveau de la façon dont une chose en entraine ou en suggère immédiatement une autre ! Essentiellement dans le fait que tu soulèves, que tu crées un problème, puis tente de le résoudre dans la foulée, d’y apporter instantanément une solution. De toute façon, peindre et faire de la musique ont toujours été intimement liés dans ma vie, depuis toujours ! Cela fait partie intégrante de ma vie, c’est tout ! ». (Joseph Arthur).
Tant qu’on y est, pourquoi ne pas enchaîner avec… ben ouais, tant qu’on y est, avec Honey And The Moon : le classique des cantiques Arthuriens – qui vient juste après Redemption’s Son sur disque (Redemption’s Son / 2002). Un début qui sonne d’enfer, élève et fascine à la fois –, juste dommage que quelques sourdes résonnances de graves, ne nous empêchent pleinement d’en profiter, ce soir… que ouais. Il aura beau l’avoir jouée des trillions de fois, celle-là, ça sent encore le rodage, l’indécision (plutôt), s’agissant du placement de sa voix. Pas grave, c’est louable et culotté, que d’tenir absolument à réinterpréter sans cesse ses chansons. Et puis c’est toujours mieux que de nous faire toujours la même, de la même façon ; de s’la jouer dans l’genre millimétré, clinique et froid. No way. Une marque de fabrique, chez-lui, depuis ses tous débuts, qui tire son sel de l’utilisation, vs revisitation, qu’il fait de l’auto-sampling, Cette faculté, qui lui est donnée, d’à chaque fois pouvoir tout bousculer, tout changer, s’il en exprime l’absolue nécessité. Et puis, en tant que fan absolu de Mr. Zimmerman, qui se targue souvent de n’avoir JAMAIS chanté une chanson, deux fois de la même façon – ses captations Live et Archives studio, sont là pour le rappeler, en témoigner –, je ne peux qu’adhérer à ce type de démarche artistique osée.
Tiens v’là Grateful qui se pointe au parloir : une nouvelle chanson – parmi la p’tite vingtaine qu’il a récemment enregistrée : qui feront l’objet d’un album à sortir, dès la prochaine rentrée… –, qui revient, sur un même plan, sur la récente naissance de sa fille Alessia et la difficulté qu’à l’humain, la plupart du temps, à maintenir de belles et longues relations. Sur la longueur, tout du moins. Ça a beau être une première, s’agissant de celle-ci, c’t’un peu comme si une vieille amie s’en venait tout de go vous visiter : bien que l’on peine néanmoins à pleinement s’y retrouver, la reconnaître, en dépit de ses intonations familières. Plutôt prometteur et attachant, en somme.
Thank You Is My Mantra, quant à elle, me renvoie expressément à ses fameuses reprises du Ten Crack Commandments de The Notorious B. I. G. Morceau repris sur scène en 2005, tout d’abord, puis finalement enregistré en studio aux côtés des « défunts » et regrettés Lonely Astronauts : groupe de très beaux musiciens, en compagnie desquels il aura enregistré deux albums passionnants, très aboutis (Let’s Just Be / 2007 et Temporary People / 2008) ; avec lesquels il aura longuement tourné et livré des pelletées de shows épiques, enthousiasmants, tendus et changeants, entre 2006 et 2009. Elle me renvoie également (forcément), vu sa façon de déclamer, à son « classique » Travel As Equals, extrait de Redemption City en 2012 (morceau qui sera joué, un rien plus tard, ce soir).
Il en profite alors pour mettre la pédale douce, équipé de sa version, à lui, de l’épastrouillant Coney Island Baby, du Lou de New York. Initialement destinée à un album hommage, suite au décès de ce dernier en octobre 2013, mais qui aura tellement impressionné les gars à l’initiative du projet, qu’il accouchera finalement, quelques mois plus tard, à leur demande, de l’album LOU : douze reprises hantées, du poète urbain qu’était LE NYC Man, dont Sword Of Damocles, Stephanie Says, Dirty Blvd., Men Of Good Fortune et Heroin. Quelque chose qui, pour ma pomme flétrie, me ramènera inexorablement à ce show rare, hors du temps, offert au public du Trabendo-Paris le vingt-sept mai 2014, sous l’appellation The New Professionals, en compagnie du bassiste de R. E. M. Mike Mills et de celui (entre autres participations) des Black Crowes, Bill Dobrow. Une performance mêlant, pour notre plus grand bonheur, les reprises de Lou et les morceaux issus de son répertoire, dont ceux issus du très récent The Ballad Of Boogie Christ (avec un p’tit Don’t Go Back To Rockville en sus, chanté-poussé par le p’tit gars d’Athens, Géorgie). Pour mieux s’imprégner de ce Coney Island Baby, et le mettre ainsi en exergue, il s’éloigne du micro et rejoint le devant de la scène pour s’y mêler aux gens présents : comme il avait pris pour habitude de le faire, parfois carrément assis sur le rebord, lors de la tournée The Graduation Ceremony (2011).
Retour à la cavalcade, à l’électricité, avec l’inexpugnable Can’t Exist : présent sur scène depuis la parution du mémorable Our Shadows Will Remain (2004) puis d’une tournée, tout aussi mémorable, qui se sr’a continuée aux côtés de R. E. M. pour y ouvrir certains de leurs shows : une collaboration qui perdurera, tout d’abord avec la sortie du EP In The Sun (avec Michael Stipe, pour soutenir la Nouvelle-Orléans et les sinistrés de l’ouragan Katrina), puis la sortie du disque Arthur-Buck (2018), composé-enregistré aux côtés de Peter Buck. Une période qui accouchera également de la sortie d’un EP magique, composé d’extraits d’inédits de Our Shadows Will Remain, nommé And The Thieves Are Gone (dont l’extraordinaire Papa). Une version de Can’t Exist, parfois un brin « en l’air » ce soir oui, mais c’est comme cela qu’on l’aime, n’est-il pas ? Et puis qui a dit « qu’un pied devait absolument toujours retomber sur LA bonne pédale », hein ? Pas Joseph non, certes pas lui, et puis c’est l’jeu après tout, avec cette prise de risque maximale, permanente, que de parfois…
Toujours chassant sur les terres de Our Shadows Will Remain, il nous sort subitement A Smile That Explodes, du chapeau à tours et bonheur. L’un de ces sommets d’Arthurie, que l’on se doit absolument de gravir : putain de haut oui, mais tellement facile à la fois, tellement cette mélodie, aérienne et éthérée, fait mouche à chaque fois. L’un des multiples moments de grâce, dont il aura été coutumier du fait oui, entre Big City Secrets (1997) et The Ballad Of Boogie Christ (2013), en gros. Lorsque tout lui semblait simple et facile.
Avec le retour d’une p’tit’ nouvelle, nommé The Movies, revenant sur la période dorée du cinéma Hollywoodien – même si je suis plutôt pré-code Hays, perso… –, l’on se reprend à espérer que le prochain album, à venir tout bientôt, dès la rentrée prochaine (accompagné d’une nouvelle tournée Française et Européenne), ne vienne se mesurer aux douces fragrances du passé…
« C’est LA chanson préférée de mon père, s’agissant des miennes… ». S’en suit alors, une très sentie et émouvante version de Speed Of Light, tirée de Come To Where I’m From (1999) : souvent cité, par les fans, comme l’un de leurs préférés toutes périodes confondues. Logique, vu qu’il contient rien moins que History, The Real You, Invisible Hands, Ashes Everywhere, Tattoo, Exhausted, Eyes On My Back et In The Sun (vers laquelle nous reviendrons plus loin), une suite évidente de classiques, oui…
Une chanson qui contient cette fameuse phrase : « En mon cœur, il est une faim / Je n’abandonnerai jamais… » : tout ce qu’on lui souhaite, en gros ; et puis ce qu’on se souhaite aussi, à (nous) tous et à jamais. Ne pas renoncer non, surtout pas. Quoi qu’il arrive et quoi qu’il se passe. Quel que soit notre état, nos prévisions noircies d’avenir ou bien la tonne d’emmerdes à même de nous menacer. Joseph en est la preuve, cette courte tournée n’étant jamais que la énième preuve de sa capacité à rebondir, une fois de plus ; à se reconstruire en dévers de l’adversité ou des nombreux écueils oui, aussi. Faculté corroborée par l’actuel premier single annoncé de l’album à venir, nommé One Life / Une Seule Vie. Tel le phénix de la légende, Joseph aura connu de nombreuses vies (et morts) jusqu’ici. Sans cesser un instant de renaître, pour mieux repartir. Un morceau toujours en rodage, manifestement, contrairement à pas mal d’autres moments offerts ce soir, nettement plus maîtrisés eux. Pas grave, cela viendra forcément, avec le temps. Et puis, vu qu’le public la r’prend déjà en chœur, c’est qu’il est sur la bonne voie.
Avant icelle, il nous aura comblé avec sa vision du Walk On The Wild Side : comme quoi ben, quand il y a un Lou, y’en a parfois deux aussi, l’esprit de meute, assurément.
Comme d’hab’, Joseph aura parlé, signé, signé et parlé, (posté à proximité de son stand). De même que vendu quelques dessins sur papier d’arches, afin de rappeler aux présents qu’il est également artiste-peintre (et de qualité). Et puis également posé pour une multitude de photos, aux côtés de visiteurs du soir manifestement réjouis, comblés par cette belle performance live et sa légendaire disponibilité de « l’après ».
Quoi, j’aurais oublié quelque chose ? Vraiment ? Quelque chose de marquant ? Quelque chose d’incontournable ? De légendaire, d’historique, le concernant ? Du genre « Sous Le Soleil »… exactement ! Ben ouais, c’est vrai. Reste que ben, cela permet juste de mieux s’y attarder. Voilà quoi.
« Je t’imagine au soleil / Te demandant pourquoi tout cela a mal tourné… ».
La première fois que je l’ai entendue – encore inédite, sur disque –, au Poste À Galène de Marseille en 1997, bien calé sur un bout d’poteau de bois, à moins d’un mètre de la scène, quelque chose en moi a bougé et j’me suis immédiatement senti vaciller sur mon axe. La chair de poule s’est invitée à la surface de mon épiderme, pour le coloniser à jamais. Une invasion surprise, nantie d’une dose de nostalgie « glacée », d’une traînée de sueur qui poisse de laid, d’un zeste d’« effroi amoureux », d’un court souffle de vie moribond, en suspend, rampant en vain après l’amour perdu…
Quant à savoir pourquoi cette chanson n’aura PU ou SU se frayer un chemin, pavé de lauriers et statuettes dorées à l’or fin, vers la célébrité ou la reconnaissance internationale, cela (me) restera foncièrement mystérieux. Cette chanson-là, elle a TOUT pour elle. Tout, tout, TOUT ! C’est LA compagne de vie idéale, le système de composition sans failles, l’évidence même, l’incontournable faite religion (sur portée), capable de convaincre l’organisme le moins réceptif, le moins aguerri, le passant pas rompu pour deux sous à la chose musicale.
« Je sais très bien que je pourrais m’excuser, si seulement je pouvais apercevoir tes yeux / Parce que, lorsque tu m’a montré qui j’étais, tu sais, je suis devenu quelqu’un d’autre… / Parce que je me suis senti coincé, entre tout ce que je désirais et tout ce dont j’avais besoin… ».
De toute façon, le débat est clos désormais. Elle a été choisie par Michael Stipe, pour accompagner sa « Fondation In The Sun » dédiée aux sinistrés de la Nouvelle Orléans (2005), puis réenregistrée aux côtés de Joseph, à cette belle occasion. De même que choisie par Peter Gabriel, dès 1997, afin d’saluer la mort récente de Diana (la princesse volage, prise en flagrant excès de vitesse !). Un « Gab » qui l’a également parfois partagée de plaisir avec Joseph, çà et là, sur scène. Le groupe Coldplay l’a également souvent jouée on stage, la décrivant même, à l’occasion, comme étant : « peut-être LA plus belle chanson jamais écrite ! ». Les membres du groupe Pearl Jam l’ont chantée d’anniversaire avec lui, sur la scène ouverte de leurs vingt années d’existence (3/09/11). Peter Buck (REM / guitare) se plaisait également à accompagner Joseph, sur cette même chanson, à l’enluminer de parties de guitare splendides, lorsque celui-ci « ouvrait » pour eux, en 2006.
La version de ce soir elle, se fait très surprenante, quoique raisonnablement conforme. « Conforme », parce que donnée au plus proche de l’originelle. « Surprenante » également, parce que fortement accélérée du rythme – avec public qui pousse au cul et tape des pieds et des mains derrière –, sans pour autant qu’elle ne perde de son impact, de son particularisme, de sa beauté si particulière.
Bravo et à… tout bientôt.
Comments
Post a Comment